Le climatisme et la balnéothérapie
Il faut répondre à une aristocratie et une bourgeoisie en demande de séjours dans les villes d’eaux. Tous courent à Bath en Angleterre, Spa en Belgique, Baden en Suisse et à Enghien-les-bains ou au Mont Dore en France, souvent avec famille et domestiques.
On construit alors partout en France des sanatoriums, des maisons de repos et de convalescence, pour traiter les suites des maladies pulmonaires et la tuberculose, mal du siècle.
Une station climatique à Valescure
A Saint-Raphaël et en premier lieu à Valescure, le climat doux, l’environnement de pins et de maquis, sur une colline dominant la mer, confortent de nombreux médecins dans leur idée de créer un site de thermalisme.
« Valescure est la station médicale par excellence » écrit le médecin Constantin James (1813/1888) « à la fois tonique et sédative ».
Les Pins à Valescure
Le Grand Hôtel
Dès 1882 l’architecte Pierre Aublé construit le Pensionnat International (qui deviendra le Grand Hotel de Valescure) pour accueillir des jeunes filles à la santé déficiente ; il est tenu par des religieuses jusqu’en 1892.
René Serrand ajoute dans son manuel : Du climat de Saint-Raphaël, Boulouris et Valescure, préfacé par Alphonse Karr, que « le séjour de Valescure doit être tout spécialement recherché par les personnes atteintes d’affections des voies respiratoires ».
L’Institut hélio-marin
Un autre médecin poursuit dans la veine familiale : le docteur Noël Gueneau de Mussy. Il est un des premiers à investir à Valescure en 1882, avec sa villa Les Messugues, et à y envisager une station thermale. Son grand-père maternel est le grand docteur Jean Noel Hallé qui en 1794 s’était vu attribuer la chaire de professeur de physique médicale et d’hygiène à l’Ecole de Santé et à la Faculté de Médecine. Il avait créé le premier enseignement de l’hygiène.
D’autres médecins arrivent, bâtissent de très belles villas et proposent leurs consultations comme Léon Labbé à la villa Marguerite. Le docteur Auguste Lutaud, gynécologue, au chalet des Mimosas, attire le docteur Léon Petit qui témoigne ainsi depuis sa villa Les Cigales: « Valescure est le séjour recommandable à tous les individus atteints de maladies des voies respiratoires ». Le docteur Chargé, homéopathe spécialisé dans les maladies pulmonaires, s’installe dans sa villa Saint-Dominique.
Le Grand Hôtel de Valescure et le Grand Hôtel Continental affichent l’hydrothérapie dans leurs publicités après agrandissement de leur bâtiment et mise aux normes modernes en 1888.
Le pharmacien corse Angelo Mariani, fait construire la villa Andréa en 1888. Il est célèbre dans le monde entier grâce à son vin tonique à la coca. A cette époque, la mode est aux élixirs et vins toniques. La feuille de coca était connue au Pérou pour ses effets stimulants et anesthésiants. La version cocaïnisée du vin Mariani est inscrite pour la première fois au codex pharmaceutique en 1884 et sera autorisée jusqu’en 1910. Ce vin inspirera à un pharmacien américain la création du Coca-cola…
Sous l’égide du docteur Bouloumié, directeur de la Société de Vittel, la Compagnie Thermale de Valescure Saint-Raphaël voit le jour en 1890, s’installant dans la villa les Messugues.
Ozonothérapie et balnéothérapie au bord de mer
A l’époque en France, la découverte des bienfaits de l’ozone donne à deux médecins, Donatien Labbé et Paul Oudin, l’idée de construire un appareil fabricant de l’ozone à partir du passage de l’air sur un champ électrique.
A Saint-Raphaël, en 1881, sous les locaux du casino, des cabinets sont réservés au traitement médical par ozonothérapie et hydrothérapie, conseillés aux patients anémiés. Le docteur Lagrange – propriétaire de la villa Gaïla – en prend la direction et développe un nouveau traitement issu des recherches de mesure de la qualité de l’air et de l’eau.
Les Bains
Les Bains Lambert
Quant à l’hôpital-hospice, c’est la générosité des dons, notamment de Pierre Coullet – ancien maire de la ville – qui en permet l’édification selon les plans de l’architecte Houtelet en 1891. L’hôpital fait appel au comte Edouard d’Harcourt, de la villa le Castellet, ingénieur électricien, pour mettre en place les appareils d’ozonothérapie et traiter ainsi la tuberculose. Des salles d’hydrothérapie, d’inhalation et de massages viennent compléter l’offre de traitements de l’hôpital.
Nombreux sont les médecins attirés par cette nouvelle thérapie, qui viennent la découvrir ou la pratiquer à Saint-Raphaël laquelle acquiert ainsi une grande renommée. On note des articles dans une quinzaine de journaux parisiens et dans la presse internationale. A Londres un article intitulé « Winter Resort at Saint-Raphaël » incite les Anglais à venir passer la saison d’hiver et profiter des cures d’ozone.
Les docteurs Lagrange, Niepce, Roquemore, Mireur, reçoivent confrères et journalistes leur permettant de rencontrer leurs malades et de les questionner. Le docteur Mireur livre une étude sur La climatologie générale à Saint-Raphaël qui en explique » la salubrité exceptionnelle ».
Des bains de mer fortifiants sont proposés plage du Veillat. L’établissement des bains, construit en 1878 par la famille Lambert, est complété de petits pavillons qui facilitent l’accès à l’eau vivifiante. Le docteur Bontemps, dans de nombreux écrits, traite de l’influence des bains de mer sur la santé publique, en complément de ses observations sur le traitement par l’ozone.
Les Bains Lambert
Toutes les thérapies autour de l’air pur, de l’ozone, des bains de mer et du thermalisme ont donc été expérimentées à Saint-Raphaël de 1880 à 1914. L’idée perdure avec la création de l’Aérium de Valescure, dans la villa la Bastide. Nombreuses seront les colonies ou centres de vacances rachetant les villas ou hôtels pour offrir aux enfants, aux familles, le bienfait de vacances au soleil. En 1922 une maison de convalescence voit le jour à la villa Roquefeuil, pour enfants lymphatiques.