Les styles architecturaux

Dans le demi-siècle qui s’écoule de 1864 à 1914, environ 250 villas de villégiature sont construites à Saint-Raphaël, ainsi que des hôtels et bâtiments publics. La plupart de ces édifices sont de style néo-classique, avec pour certains une inclination marquée vers l’influence palladienne. Mais d’autres styles architecturaux s’expriment : le style méridional, le style anglo-normand, le style victorien,  le style mauresque, le style Art nouveau, et plus tard après la guerre, le style régionaliste néo-provençal, et le style Art-déco.

Le style méridonial

Quelques premières villas sont construites sur la Corniche à la fin des années 1870, dans un style méridional, reconnaissable à son allure massive, d’un seul bloc de trois travées avec peu d’éléments décoratifs. Les ouvertures y sont étroites afin de se protéger de la chaleur. Souvent des persiennes sont ajoutées. Les villas Les Bruyères, Beau Rivage peuvent être rattachées à ce style…, ainsi que Estérel-Rive, construite un peu plus tard.

La villa Estérel-Rive

La Villa la Lézardière

Le style néo-classique

Les années 1880 voient l’explosion du nombre de constructions. La villa prend alors ses références dans les modèles aristocratiques de villégiature, le palais, le château, voire l’hôtel particulier.
Le style néoclassique va largement s’imposer à Saint-Raphaël. Héritier de l’architecture classique, théorisée par l’architecte antique, Vitruve, qui définit la théorie des trois ordres, le style néo-classique apparaît au XVIIIème siècle. Le goût pour l‘antique et le retour au classicisme s’exprime dans l’architecture religieuse, civile et privée.
Le style néo-classique se caractérise par l’harmonie des proportions, la simplicité des volumes, la géométrie du plan, l’utilisation des colonnes et des frontons, la sobriété des décors en façade et les ornements sculptés inspirés de l’Antique.

À Saint-Raphaël, ce style imprègne, dès la fin du XIXème siècle, le casino, la gare, les grands hôtels mais aussi les premières villas « château » : Notre-Dame, La Lézardière, Chantereine, Palladio, … où les terrasses, galeries à colonnades, portiques, pilastres, ordre colossal, viennent animer les façades.

Le style palladien

Sur la Riviera, le style néo-classique se décline sous une forme qui fait directement référence à l’héritage de Palladio, architecte italien du XVIème siècle ; on parle de style palladien. Les éléments les plus caractéristiques se retrouvent dans la symétrie du plan régulier, la loggia et ses colonnes d’inspiration antique avec des chapiteaux doriques, ioniques ou corinthiens, soutenant la terrasse bordée d’une balustrade composée de balustres en terre cuite de style toscan. L’escalier droit, simple ou double reliant la loggia au parc, les arcatures aux proportions imposantes, la décoration rocailleuse sont également des éléments forts dans ce style architectural

La Villa les Asphodèles

Le style victorien

À côté du style néo-classique, et du style palladien, d’autres styles seront illustrés dans les villas construites à Saint-Raphaël : le style victorien est naturellement privilégié par les Anglais qui construisent principalement à Valescure. Il correspond au règne de la Reine Victoria au Royaume Uni, de 1837 à 1901, période d’apogée pour le pays. Il s’agit d’un style « composite » caractérisé par sa richesse et qui mêle diverses sources d’inspirations, pour la plupart des traditions du passé.

Les éléments architecturaux caractéristiques sont les tourelles, les galeries, les bow-windows, les frontons, gâbles, consoles ouvragées, corniches élaborées, les pilastres.

À Valescure, plusieurs villas empruntent au style Victorien des éléments architecturaux caractéristiques : Les Asphodèles, les Colombes grises, les Genévriers, Clair bois, la Sainte Baume.

Le style anglo-normand

Né sur les côtes du Calvados au milieu du XIXème siècle, le style néo-normand, ou anglo-normand, se réfère à l’architecture vernaculaire normande et au modèle des cottages anglais. Ces architectures à la silhouette élancée se caractérisent par des volumes en décrochés et dissymétriques, des murs pignons. Les toitures en demi-croupes, les fermes débordantes, les bow-windows et garde-corps en bois animent également les façades.

Une quinzaine de constructions de style néo-normand ont été recensées à Saint-Raphaël. Les plus représentatives sont Les Cigales à Boulouris, la Chêneraie et le Maquis à Valescure. D’autres bâtisses, moins ostentatoires, témoignent de cette influence : L’Estérel aux Cazeaux, Clair-bois à Valescure, Montjoie à Notre-Dame, Aigue-Bonne

La Villa Les Cigales

Le style oriental ou mauresque

Très en vogue à la Belle Époque, il est représenté dans les villes balnéaires du bord de mer. Il rappelle les voyages effectués par les commanditaires en Orient. La côte d’Azur en recèle de très beaux exemples. Sous le terme d’orientalisme on entend les styles arabe, mauresque, hispano-mauresque ou exotique. D’abord largement adopté pour les édifices publics de loisirs : les cafés turcs et mauresques, les bains publics, les établissements de bains sur les plages, les thermes, les casinos, le style oriental, et plus particulièrement mauresque, inspire aussi l’architecture privée.

Le plus bel exemple de l’architecture mauresque à Saint-Raphaël est la villa Gaïla, œuvre de Pierre Chapoulart.

La Villa Gaïla

Mais on retrouve des détails orientalisant comme les fines colonnettes à chapiteaux à palmettes, les impostes des fenêtres avec les arcs outrepassés et quelquefois le croissant turc sur la faitière dans bien d’autres villas : la Péguière à Boulouris avec ses arcs lancéolés, ses chapiteaux aux motifs égyptiens, la villa Les Lotus, ou encore YonaPierre Aublé joue les orientalistes, sans oublier la superbe villa babylonienne Sémiramis détruite sur le bord de mer.

La Villa May

Le style Louis XVI

Le style Louis XVI est marqué par une simplification esthétique et par un rationalisme. L’architecture va privilégier les droites. Les balcons se font rares pour ne pas alourdir un style de façade très épuré. L’aspect des façades devient plus vertical et élancé. La construction repose souvent sur une base de trois travées avec des décors en bas-relief (guirlandes de fleurs et feuilles, colonnes grecques…). Les villas Nina (petit Trianon), Pax, Caroline, May en sont de beaux exemples.

L’éclectisme

L’éclectisme est un style architectural du XIXème et du XXème siècle dans lequel une seule œuvre incorpore un mélange d’éléments des styles historiques précédents pour créer quelque chose de nouveau et d’original.

Sur la Côte d’Azur, l’architecture de la Belle Epoque adopte le style éclectique et Saint-Raphaël, comme de nombreuses stations balnéaires, n’y échappe pas. Les architectes puisent dans le vocabulaire mauresque, gothique, palladien ou anglo-normand. À Saint-Raphaël, l’architecture éclectique domine. L’éclectisme régionaliste se retrouve sur des immeubles en centre-ville, tels celui de la Société Générale avenue Félix Martin, ou celui du 101 rue Charles Gounod ainsi que le Winter Palace. La Villa Hélios à Boulouris propose des éléments architecturaux extrait du vocabulaire italianisant, balustres toscans, éléments baroques, loggia, campaniles, ou anglo-normands avec les bow-windows, aisseliers, chevrons débordants, ou encore parisien avec ses marquises, toits mansardés, carreaux vernissés, faux chaînages d’angle.

La Villa Hélios

L’éclectisme plus classique se retrouve à la villa des Myrtes au quartier Notre Dame, au Castelet, à Boulouris, ou à la Villa Les Abeilles à Valescure : oriel, baies géminées, créneaux, tour d’angle appartiennent à l’éclectisme historique.

Le style Art Nouveau

Il est marqué par des lignes mouvantes, des arabesques enveloppantes, des volutes rappelant la fumée ou le feuillage. En architecture, les façades sont pleines de vie. Il mêle matériaux anciens, pierre, bois, et matériaux nouveaux comme l’acier, et innove dans les formes aux motifs végétaux et floraux, comme les coquelicots, pavots, nénuphars mais aussi animaliers avec les libellules, les papillons. L’Art nouveau se donne pour objectif de faire entrer l’art et la nature dans la vie quotidienne.

A Saint-Raphaël, quelques exemples d’architecture empruntent à l’Art nouveau des éléments de décoration. On peut citer la villa Roquerousse, en centre-ville, au décor fleuri surabondant et ses briques émaillées, ou encore la villa Modeste au quartier des plaines, dont l’ornementation en façade s’inspire pleinement de l’Art nouveau. Également la villa Louise au Dramont, la villa Hélios à Boulouris

Puis, après la guerre, deux courants vont aussi laisser leur empreinte :

Le style régionaliste provençal

Cher à René Darde, il va s’épanouir à partir de 1924 : Les terrasses et les ouvertures sont surmontées d’arcades et les rotondes sont généralisées. Les enduits sont rougeoyants et les génoises systématiques : la Terrasse à Boulouris et la villa Régina sur le plateau Notre Dame. Après la seconde guerre, Albert Marquisan réalise dans ce style des villas, plus ou moins massives, qui sont entre autres le Mas Notre Dame, la Galéjade, le Val de l’Air.

Le Winter Palace

L’art déco

Il s’intègre dans un mouvement qui se développe dans tout le monde occidental. L’Art déco est un style défini par des formes géométriques, symétriques et stylisées qui apparaît dans les années 20. L’utilisation de matériaux de pointe (aluminium, verre, acier inoxydable, chrome, nouveaux plastiques) s’allie à des formes simples et des motifs répétitifs et géométriques.

A Saint-Raphaël, ce mouvement est représenté par Henri Bret (1899-1939) auteur de plusieurs immeubles. Ses réalisations sont également teintées d’éclectisme et de tradition provençale.

Enfin après 1930, et surtout après la seconde guerre mondiale, le mouvement Moderne fait son apparition : Ainsi, Georges Giger réalise en 1932 la Villa Clarté, avenue Paul Doumer, œuvre influencée par le mouvement moderne, en béton armé et couverte d’un toit terrasse débordant. Et à partir de 1960, d’autres villas suivent les préceptes du mouvement moderne, à travers les réalisations de Guy Giger, fils de Georges Giger.