Les villas de Boulouris et du Dramont

L’Aguedal

Autrefois Victor

Construite en 1883 par Sylvain-Joseph Ravel pour Jean-François Simon, un Raphaëlois capitaine de marine, puis courtier maritime. Elle porte à l’origine le nom de son épouse Joséphine Fortunée Victor, qui a hérité par son père de vastes parcelles à Boulouris. Le projet de la villa Victor est celui d’une villa bourgeoise de style pittoresque. Construite sur un soubassement pour compenser la pente du terrain, la façade d’aspect dissymétrique ménage de nombreux espaces ouverts sur l’extérieur. La partie centrale est encadrée de pilastres corinthiens, surmontée de tables en céramique. Son étage supplémentaire et sa toiture lui donnent l’aspect d’une tour belvédère. Sur la partie droite, en retrait, une pièce de rez-de-chaussée est surmontée d’une terrasse communiquant avec le premier étage et ornée d’une pergola.

Aigue-Bonne

Cette villa, dont le nom signifie «bonne eau», est construite en 1891 par Gaston Crozet-Noyer, propriétaire foncier et maître de forges à Marseille. En 1868 le PLM vend des terrains inutilisés pour la construction de la ligne de chemin de fer de Toulon à Nice. Gaston Crozet-Noyer construit en même temps une grande villa à Vichy et Aigue-Bonne à Boulouris, beaucoup plus petite. Pendant la seconde guerre mondiale, la villa est occupée par l’armée anti-aérienne allemande. La famille Crozet-Noyer reprend possession de sa villa en 1945. Le style architectural est de tendance anglo-normand par le faux pignon ouvert dans la toiture en pavillon et le décor de briques orné de croisillons sous les grandes fenêtres de la façade.

Beaurivage

Cette imposante bâtisse tournée vers le levant et qui embrasse le rivage est construite par un marseillais, monsieur Marc Martin, dès le début des années 1870. Massive et élégante en même temps, elle illustre le style méridional que l’on trouve dans la région des Bouches-du-Rhône. La façade sud est raffinée avec une travée centrale où 2 monolithes d’estérellite bleue des carrières du Dramont soutiennent le balcon de l’étage. De 1905 à 1942 elle appartient à la famille Jouët-Pastré, avant d’être partagée en appartements et le parc divisé en ce qui est devenu le Domaine de Beaurivage.

Le Grand Hôtel de Boulouris

Les premiers contreforts de l’Estérel sont choisis par l’architecte Léon Sergent pour construire le Grand Hôtel de Boulouris. Conçu pour madame Marchandise, il est inauguré en 1899. D’après les journaux de l’époque, cet hôtel édifié au milieu d’un grand parc naturel « réunit toutes les conditions exigibles d’hygiène et de confort modernes » et « les ingénieurs les plus compétents de Londres en reconnaissent la sanitation (sic) parfaite». L’hôtel sert d’hôpital militaire pendant la première guerre mondiale, puis de maison de repos. En 1947 le bâtiment est converti en colonie de vacances de la ville d’Avignon. Désormais il est divisé en beaux appartements.

Les Bruyères

Discrète, cachée sous les pins de son grand jardin méditerranéen, la villa Les Bruyères charme par sa simplicité. Ses ouvertures étroites et ses persiennes préservent de la chaleur comme le veut l’époque. Elle est une des premières maisons édifiée en front de mer en 1870 par son commanditaire l’ingénieur Louis-Albert Hardon. Passionné de peinture, Hardon construit un atelier à pic sur le rivage, lieu idéal pour trouver l’inspiration. Mais surtout il attire le peintre Jean-Louis Hamon qui, sur une de ses parcelles s’installe en voisin.

Caroline

Autrefois Olga, Paulette

La villa Olga est construite à Boulouris en 1895 pour le Comte Macchetto d’Allegri. Il y vit avec son amie Olga Caracciola qui baptise la villa. Une maison de jardinier y est ajoutée en 1899. Elle sera ensuite la propriété du Baron de Meyer, puis de Louis Mainard, publiciste à Saint-Raphaël en 1905, qui recevra Georges Leygues dans sa villa qui s’appelle alors La Mainardière. Une famille de médecins d’Aix-en-Provence en est propriétaire en 1933 et la renomme villa Paulette. Selon Saint-Raphaël Revue, la Comtesse de Villefranche était l’hôte distinguée de cette villa où elle passait la saison d’hiver depuis 1931. La villa, désormais baptisée Caroline, a conservé un style néo-classique raffiné, malgré quelques transformations.

Le Castellet

En 1889 le comte écossais Edouard d’Harcourt, ingénieur qui participe aux installations d’ozonothérapie à Saint-Raphaël, fait construire cette ambitieuse villa baptisée « petit château » en provençal, selon les plans de Sylvain-Joseph Ravel. On note le toit de la tour couvert de tuiles vernissées. Véritable balcon sur la mer, le parc jouit d’une situation remarquable. De 1896 aux années 1930 la maison appartient à la famille Rothiacob qui l’agrandit et l’aménage. Endommagée après la Seconde Guerre Mondiale, elle est restaurée par un amoureux des villas, Gerry Weeder, et vendue en appartements.

Les Cigales

Autrefois Maurice

De style anglo-normand, la villa Les Cigales, construite en 1887 selon les plans de Pierre Aublé, porte le nom de villa Maurice, comme le fils du premier propriétaire. Elle devient plus tard la propriété de monsieur Simon, inventeur de la très célèbre crème de soins éponyme. Il agrandit la maison d’une aile, accentuant la symétrie. Ensuite un petit pavillon surplombant la mer, couvert de tuiles vernissées, ponctue le terrain plein de charme. Une succession de propriétaires laisse cependant le jardin dépérir jusqu’à son aménagement par le paysagiste belge Jacques Wirtz dans les années 1990.

Claudine

Sur un terrain issu d’une parcelle appartenant à Maurice Donnay à Camp Long, acheté en 1899, l’actrice lyrique Emilie Bouchaud dite Polaire fait édifier un chalet en 1900, puis sa villa Claudine en 1903. L’actrice, célèbre pour son interprétation de Claudine, le personnage inventé par Colette, finance seule la construction de cette ravissante propriété, et se retrouve ruinée par la suite. De style palladien, montrant une élégance toute italienne, la villa conserve son charme ancien malgré les dégradations dues aux bombardements de 1944, notamment de délicieuses peintures intérieures, témoins de la grâce de la belle Polaire.

Estérel-Rive

Autrefois Licette

Ernest Bounin est commissaire de la Marine en 1884 quand il construit sa maison baptisée Licette. Cette superbe demeure, de style méridional, joliment ornée de balcons et consoles, s’inscrit dans un beau parc agréablement planté de palmiers en bord de mer. L’amiral Baux, beau-frère d’Ernest, y séjourne longuement : ce brillant officier laisse son nom à une rue de Saint-Raphaël. En 1895 Ernest Bounin fait édifier une villa jumelle à quelques mètres de là, La Terrasse. Licette, plusieurs fois revendue devient Estérel-Rive en 1915.

La Feuilleraie

La villa La Feuillée est construite pour la veuve du docteur Langenick sur un terrain boisé ayant appartenu à Melchior Giraud d’Agay époux de Nicole Aublé, fille de l’architecte Pierre Aublé. Cette vaste parcelle située au nord de la voie ferré est achetée en 1893, par Sylvain Joseph Ravel qui est probablement l’architecte de cette villa édifiée en 1894, avec une écurie et une remise. En 1899, elle devient la propriété de Paul Adamontoff von Woldenburg, licencié en théologie. Convertie en Aérium, ou centre de vacances pour enfants après la guerre, la villa subit de nombreuses transformations, effaçant son style anglo-normand initial.

Gaïla

Aujourd’hui villa Mauresque

L’architecte Pierre Chapoulard est bien connu sur la Côte d’Azur pour ses constructions mauresques, notamment à Hyères. La villa Gaïla à Boulouris en est un magnifique exemple. En 1881, elle règne seule sur ce front de mer, véritable invitation aux rêveries orientales prisées à l’époque. Ferronneries, arcs outrepassés, feuilles d’acanthes, minaret, toutes ses décorations illustrent son nouveau nom, devenue un hôtel de charme : La villa Mauresque.

Hélios

Ce chef d’œuvre d’architecture Belle Epoque, tout en tourbillons et bow-window Art nouveau, est commanditée par le médecin arlésien Isidore Tardieu. En 1882, la villa se nomme Saint-Gervais avant d’être vendue et transformée; elle devient un  hôtel dans les années 1920. On apprend même que des salles de fumerie d’opium, très prisé alors, sont discrètement proposées aux consommateurs… De nos jours si la demeure est préservée grâce à une division en appartements, le parc a disparu, entièrement loti.

Ile d’Or

Symbole de la station balnéaire, la tour est construite en 1910 par Auguste Lutaud. Ce médecin réputé, déjà propriétaire à Saint-Raphaël, a acheté l’île à Léon Sergent, avant d’en faire son « royaume ». En effet Auguste Lutaud s’y proclame roi et fait même battre monnaie ! Oscar Roty lui dessine une médaille. Une soirée mémorable en 1913, comme un chant du cygne avant la Grande Guerre, achève de construire la légende. Toujours privé, cet ilot de rêve conserve son âme grâce à la vigilance de ses propriétaires actuels.

Jano-Mado

Autrefois Blanchette

L’architecte Ravel, parfois spéculateur, achète un terrain à monsieur Giraud d’Agay en 1888 et construit en 1892 la villa Blanchette pour un professeur d’ophtamologie d’Alger, monsieur Edouard Bruch. A partir de 1910 la villa change souvent de propriétaire. Puis en 1926, un anglais, Louis Petyt, vivant à Croydon dans le Comté de Surrey, qui venait y passer ses vacances, décide de l’acquérir. La construction est sur trois niveaux séparés par des corniches. Chaque niveau est percé de trois fenêtres, encadrées d’un bandeau plat. Au rez-de-chaussée, une loggia de quatre colonnes dépourvues de chapiteaux reposant sur des dés cubiques a été fermée dans les années 30. L’ensemble, comme les huisseries en bois, est bien conservé.

Louise

Le propriétaire, monsieur Marchand, ingénieur ayant participé à la création du métro parisien, s’inspire des courbes Art nouveau pour bâtir sa villa, typique de la Belle Epoque. Balcons, profusions de décors sculptés, ornement de végétaux et volutes, égaient la façade en pierre de Sospel. Alors, en 1907, une orangerie sur le bord de mer, reliée par un passage sous-terrain, livre ses agrumes pour le bonheur de tous. Plus tard la villa est divisée en trois appartements.

Marjolaine

Autrefois Adelina

Construite en 1879 la villa est agrandie en 1883 par un pavillon. Le comte d’Harcourt loue la villa, appelée alors Adelina, en 1886 et y reste l’année entière avant de s’installer dans sa villa Le Castellet. En 1911 Paul Letellier, industriel des peintures Ripolin achète la villa, nommée alors Marjolaine, mais la revend dès 1917, avec son mobilier en pitchpin, la vaisselle et le linge, à Georges Seurre professeur à Paris. Pendant la guerre, la villa est occupée par les Italiens qui dissimulent leurs camions dans le jardin. Ensuite les Allemands utiliseront le salon pour y stocker du charbon ! Le style de la villa marie l’éclectisme avec élégance : boiseries anglo-normandes, ballustres de type toscan.

May

Pur exemple de classicisme néo XVIIIème siècle, la villa May naît du rêve d’un notable parisien, Jacques Robert et de son architecte François-Adolphe Bocage. Sur une parcelle achetée à monsieur Letellier en 1910, cette villa est édifiée en 1911 pour permettre à Marie Alexandrine Robert de retrouver le climat de son enfance passée dans le Comté de Nice. Tardive pour la Belle Epoque, la demeure n’en reflète pas moins toute l’élégance et la joie de vivre, comme l’attestent des photos de famille. Plus tard, le parc originellement dessiné à la Française avec des plantes méditerranéennes, se pare d’essences tropicales dans le goût de la Riviera.

L’Hôtel Miramar

Autrefois l’orphelinat

Le Collège de Boulouris est construit en 1883 selon des plans de Pierre Aublé. Vendu en 1889, il est transformé en hôtel. Puis en 1893, mademoiselle Pierrot-Deseilligny l’acquiert et le transforme en sanatorium, ajoutant un orphelinat de jeunes filles, une aumônerie, une maison de jardinier et une maison de garde. La gestion en est confiée aux Sœurs de l’Assomption (un petit cimetière conserve des tombes de religieuses des années 1917-1918). De 1925 à 1941, c’est un collège climatique complété d’un hôtel de luxe- le Miramar- puis d’une maison de retraite. Après les bombardements de la seconde guerre mondiale, les terrains et la grande bâtisse sont rachetés par l’Etat et transformés en CREPS, centre de formation des professeurs en éducation physique et sportive.

Palladio

Autrefois Emma-Louise, Charlier

Auguste Charlier, négociant parisien, fait appel aux frères Pécout, entrepreneurs à Vidauban pour édifier cette formidable maison. Tout est parfait, et entièrement nouveau pour l’époque, en 1885 : les volumes imbriqués, les terrasses arrondies… Dès 1901, un nouveau propriétaire la dote de l’électricité et d’un salon de thé. Considérablement agrandie en 1910, elle devient la propriété de la famille Fichet, fondatrice des coffres-forts et serrures. Puis en 1950, Palladio se convertit en pouponnière pour accueillir de jeunes enfants souffrants. De nos jours, la villa abrite la résidence chic que l’on connaît.

Les Palmiers

Cette villa d’allure assez classique mais teintée de style palladien semble contemporaine de la villa voisine Lysis construite par Maurice Donnay mais malheureusement rasée il y a quelques années. La villa les Palmiers a été restaurée par un amoureux des vieilles pierres, Gerry Weeder, qui a exercé son talent à la villa le Castellet, Magali à Valescure ou encore l’ancien Hôtel de Boulouris construit par Léon Sergent. Elle est désormais scindée en appartements.

Pax

Autrefois Moulin Fleuri, aujourd’hui Olga

La villa Pax est édifiée en 1906 par l’architecte Dufour pour Hélène Meurlot. Cette jeune femme accueille de nombreux artistes, notamment l’affichiste Jules Chéret, père de la publicité moderne. Cette grande et belle demeure, au décor classique et aux balcons ouvragés, possède dans son parc des ruines artificielles à la manière d’un théâtre de verdure, symbole du romantisme et du goût pour les jeux de l’esprit de madame Meurlot. En 1916 Sarah Bernhardt au soir de sa vie y séjournera quelque temps. De nos jours, après une rénovation ambitieuse, la villa est baptisée Olga.

La Péguière

Cette belle villa altière construite en 1880 prend le nom de la plage bordée de pins qui la borde. Son propriétaire, Edouard Siegfried, négociant suisse, a fait appel à l’architecte Ravel qui laisse cours à une inspiration mauresque, en volutes et arcs persans. Plusieurs terrasses, et un décor stylisé de fleurs d’iris ajoute à l’atmosphère orientale. La Péguière sert de PC aux troupes alliées lors du débarquement de 1944. Initialement très grande, la propriété voit son beau parc se rétrécir au fil des ans, ce qui lui permet de demeurer ainsi dans la même famille.

Sainte-Anne

Cette villa s’élève au-dessus de roches déchiquetées, sur un magnifique terrain en promontoire sur la mer, depuis 1905 lorsque Pierre Aublé en conçoit les plans. Georges Leygues la souhaite de belle facture, néo-byzantine, ornée de ferronneries Art nouveau et lui donne le prénom de son épouse. Plusieurs fois ministre, il s’illustre notamment dans le ministère de la Marine entre 1917 et 1923. Il invite le Président Raymond Poincaré qui séjourne régulièrement villa Saint-Anne où il rédigera ses mémoires.

La Terrasse

Construite en 1898, la villa La Terrasse est occupée par Ernest Bounin puis par sa fille. C’est alors une villa méridionale avec des ouvertures sagement alignées par travée et par niveau comme sa jumelle la villa voisine, Estérel-Rive. Pendant quelques années elle est la propriété d’Amélie Baux, fille de l’Amiral Baux et nièce de Ernest Bounin. En 1905, René Baschet, directeur de l’Illustration, reçu par Georges Leygues, Ministre de la Marine, dans sa villa Sainte‑Anne, achète la villa et son large terrain. Elle est totalement modifiée en 1918 par l’architecte René Darde qui lui impose un style régionaliste où les terrasses, les décrochements, les pergolas, les fenêtres en plein cintre vont animer les façades. Les Baschet attirent de nombreuses personnalités : Poincaré, Clémenceau, Colette, Lucien Guitry.

Terre Sauvage

Autrefois La Lanterne

C’est l’architecte parisien Georges Vimort, aidé de Pierre Aublé, qui construit en 1909 cette ample bâtisse pour le journaliste Victor Flachon. Ce dernier est alors rédacteur en chef de la revue anticléricale La Lanterne, assez violente à l’époque. C’est ainsi que la maison est baptisée La Lanterne. La petite histoire avoue que de jeunes demoiselles y étaient amenées pour distraire des messieurs qui l’étaient nettement moins… D’un style éclectique assumé la maison a ensuite racheté ses fautes passées, si l’on peut dire, en devenant un havre de paix pour jeunes femmes dans les années 1970, sous l’égide de sa propriétaire Antoinette Fouque. Le temple d’amour élégamment planté sur le rivage, veille.

Zéphir

Autrefois Armitelle

La villa Armitelle est construite en 1903 pour Marius de Hesse de Persan domicilié à Paris, par Mourzelas. En 1908 une maison de jardinier est élevée dans le parc dans le même style que la villa par l’entrepreneur Auguste Ramelle. Dans le parc sont édifiés des appartements qui seront loués comme résidences de vacances… Très remaniée, rebaptisée Zéphyr, la villa possède encore néanmoins une certaine allure et un magnifique escalier intérieur.